Commune d'Hénin sur Cojeul
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Asso - Anciens combattants
Discours 11 novembre 2019
12/11/2019

Sur la colonne qui  rend hommage à  Lille, square Derousseaux,  à celui qui était alors le Général Foch, il est écrit la  phrase suivante qu’il prononça aux derniers jours du combat : « Au-dessus de la guerre, il y a la paix. Si les buts politiques de la guerre sont atteints, je ne me crois pas le droit de verser une goutte de sang de plus. ».

Ces réflexions conduisirent à l’armistice  dont nous célébrions le centenaire il y a un an de façon exceptionnelle grâce à votre présence si nombreuse et à l’insigne contribution de nos enfants du RPI, toujours fidèles et je les en remercie.

 1919. Un an s’est écoulé qui permettra aux plénipotentiaires de dresser le bilan de ces quatre années noires et de tracer les lignes directrices de la nouvelle Europe.

N’oublions pas cependant que si le canon ne tonne plus dans notre pays, les combats ne sont pas terminés partout. Tous les traités de paix ne sont pas signés. L’Europe centrale trace encore sous le feu ses frontières. Nos soldats ne seront démobilisés que très progressivement car il faut reprendre possession de  l’Alsace Lorraine. Sachons aussi que les décisions prises le furent à l’aune de la douleur et du ressentiment des belligérants tant les pertes  humaines et les destructions matérielles étaient grandes et touchaient  - pour les premières - de près ou de loin toutes les familles françaises.

Prenons quelques instants pour prendre la mesure des destructions dans notre village agressé dès le début du conflit et rappelons ce que nous avions dit ces derniers 11 novembre.

Octobre 1914 : Hénin est tout entier sous la botte allemande. Beaucoup d’habitants avaient déjà évacué le village. Pour ceux qui restent : perquisitions, pillage des habitations, réquisition du bétail, des céréales, du foin, de la paille. Les poules sont dénombrées, les vaches doivent donner 10 litres de lait par jour. Régulièrement, les villageois sont convoqués à l’appel dans la cour de la mairie, où un interprète transmet les ordres du commandant de place.

Les années passent, toutes aussi difficiles. En décembre 1916, les quelques cent-quatre- vingt habitants toujours présents sont transférés dans le secteur de Valenciennes. Pour épargner leurs hommes, Hindenburg et Ludendorff décident de reculer pour stabiliser le front. Dès février 1917, les troupes de combat allemandes  restent encore en position mais les enlèvements de matériels agricoles notamment et destructions commencent en arrière d’elles. Hénin fait partie de cette bande de terre maudite où aucune localité, aucun village, aucune église, aucune maison, aucune route, aucun pont, aucun bois, aucun arbre fruitier– ce sont les ordres du haut commandement allemand -  ne doit être épargné pour que les conditions de stationnement de nos troupes soient les plus défavorables possibles.

Car en effet, les Alliés préparent la bataille de Vimy puis de celle d’Arras qui débutera en avril 1917. La ligne Hindenbourgfut entamée sur 2 KM au sud de la rivière du Cojeul.

Malheureusement de nombreux soldats britanniques, bondissant de la tranchée qui relie le calvaire à l’actuelle chapelle perdirent la vie et ne virent pas le bénéfice de ces efforts surhumains. Tous ces soldats qui reposent en paix dans nos deux cimetières communaux du Commonwealth tombèrent les 8, 9,10 et 11 avril 1917.

Notre village, vide de tout habitant retrouvait une  liberté éphémère avant d’être repris par les Allemands en mars 1918 malgré une forte résistance de la 40e division anglaise. Il fut définitivement libéré fin août 1918 par la 52e lowland division écossaise.

Quand les Héninois rentreront chez eux, il faudra tout reconstruire. Hénin est dans la zone rouge, c’est-à-dire le secteur où les combats ont tout détruit et qui reste dangereux du fait de munitions toujours actives. Il faudra l’autorisation du Préfet pour pouvoir rentrer « chez soi ».  Pour ce qu’il en reste.

Quelques chiffres nous renseigneront :

En 1911, on compte 135 maisons, 134 ménages et 480 individus.

Au recensement de 1921, on comptabilisera  91 maisons (-44), 93 ménages (-41) et 297 individus (-183).

En 1931 on en est encore qu’à 107 maisons pour 106 ménages et 333 habitants.

Toutes les rues sont touchées, ainsi, la rue d’Arras comptait 38 habitants en 1921 contre 91 habitants en 1901 ; la rue de Croisilles 12 contre 29. En 1926, certains habitants vivaient encore en logements provisoires.

Sur notre monument aux Morts, ce sont les noms de 25 jeunes qui sont gravés. Ils étaient représentatifs de nos populations villageoises de l’époque : lors du recensement de 1911, ils se déclarent cultivateur, journalier, ouvrier agricole, tonnelier, domestique. Ce sont autant de bras qui manqueront au village mais d’abord à leurs proches.

« Si les buts politiques de la guerre sont atteints, je ne me crois pas le droit de verser une goutte de sang de plus », disait Foch.
Enfin ! Mais il était trop tard pour nos compatriotes héninois qui avaient tout à reconstruire.